Un autre regard sur la végétation spontanée
Le plus grand défaut des adventices est de pousser là où on ne les souhaite pas. Elles sont « mauvaises » parce qu’indésirables. Différentes plantes spontanées présentent des qualités méconnues. Elles participent à la biodiversité, attirent les insectes, améliorent les composts, etc. Ces végétaux sont l’expression de la biodiversité qui existe malgré tout en milieu urbanisé..
D’une façon générale, nombreux sont les endroits où l’on peut laisser s’épanouir la végétation spontanée. Par exemple, on pourra partir du principe que si de l’herbe colonise des joints sur un trottoir, le piétinement régulier suffira sur la majorité de la surface à contenir leur pousse. De surcroît, selon les zones on peut la laisser se développer plus largement, et ne faire qu’une intervention mécanique de façon occasionnelle…
La présence d’herbes sauvages sur la pelouse n’est pas un signe de négligence ou de manque de savoir-faire. Les petites plantes basses qui s’installent peu à peu dans l’herbe ont souvent une jolie floraison (pâquerette, véronique, brunelle, bugle…) et sont utiles pour nourrir les insectes auxiliaires.

Il n'est nul besoin d’en faire trop pour que les allées et terrasses restent fonctionnelles. Quelques plantes ici ou là ne sont pas gênantes et adoucissent le caractère un peu strict de ces surfaces. On peut aussi laisser se développer des fleurs vagabondes esthétiques (Alysse, érigéron, lychnis, pensée, valériane, rose trémière…) entre les pavés ou dans les gravillons : elles prendront la place des herbes indésirables !
La France fait plutôt figure d’exception dans son usage immodéré des pesticides. C’est le premier producteur et consommateur européen de pesticides mais aussi le 2ème producteur mondial et le 4ème consommateur mondial. Nos voisins européens ont une autre attitude vis-à-vis des plantes spontanées en ville. Ils adoptent des solutions très différentes de la nôtre. De l’Italie à la Suède en passant par l’Espagne, l’Allemagne, la Grande Bretagne ou les Pays-Bas, les habitants et les services d’entretien n’utilisent pas de pesticides. Ainsi, dans toutes les villes de ces pays, personne ne s’offusque de voir des plantes sauvages prendre possession des pavés, des allées et des espaces verts.
En conclusion, le regard porté sur la végétation spontanée dans les jardins et dans les zones urbanisées n’est fondé que sur des considérations culturelles et il est essentiel que nous le changions tous. Il n’existe pas de « mauvaises herbes ». Par contre tous les pesticides sans exception sont eux réellement mauvais et sont encore malheureusement trop souvent plébiscités par bon nombre d’idées reçues et de mauvaises habitudes héritées d’époques désormais révolues. Il devient urgent de changer les mentalités et de réhabiliter la nature au centre de nos espaces de vie. Tolérer quelques herbes, c’est protéger notre environnement et notre santé. Elles sont toutes utiles à la biodiversité et doivent retrouver leur place dans l’espace urbain et dans nos parcs et jardins.